Le 29 août 2007, Dominique de Villepin

Publié le par L'équipe du blog

Regarder l'intervention de Dominique de Villepin sur RTL: http://direct.rtl.fr/

Dominique de Villepin, ancien premier ministre, était l'invité de RTL, ce matin, à 7h50.

Chef du gouvernement durant pratiquement deux ans, il a quitté toute fonction publique après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Son retour est motivé par la publication d'un livre sur Napoléon. Après les Cent jours qui en raconté la chute, il entreprend cette fois d'en décrire l'ascension, entre 1796 et 1807. Le récit est clair et nerveux, s'ouvre sur une saisissante scène de bataille, à Lodi, durant la campagne d'Italie, qui établira le génie militaire de Bonaparte et se poursuit par la description des convulsions dans lesquelles se trouve la France et qui permettent au jeune d'affirmer son génie politique.
Documenté et pénétrant dans ses analyses, le travail de Dominique de Villepin mérite de trouver des lecteurs. Publié aux éditions Perrin, il s'intitule "Le soleil noir de la puissance", un titre qui exprime le pessimisme de l'auteur face à l'action politique, vécue comme une douleur et vouée tout le temps, sinon à l'échec, du moins à l'absence de reconnaissance, ce qui doit sembler bien pire à un égo largement supérieur à la moyenne.

Bien sûr, il faut profiter de la présence de Dominique de Villepin pour évoquer l'actualité.
Depuis le début de la semaine, avec précaution certes mais aussi malignité, il fait des phrases pour se féliciter de l'état de grâce dans lequel vivrait Nicolas Sarkozy mais qui ne s'accompagnerait pas, selon lui, de résultats. Pourquoi tant d'impatience? Comment obtenir en cent jours ce que personne, et notamment pas son prédécesseur a réussi en tant d'années?
En fait, Dominique de Villepin n'est pas impatient. Il est dubitatif. On sent bien qu'il ne livre pas totalement le fond de sa pensée au micro. Il l'a fait davantage lors du petit-déjeuner qui a suivi l'interview.

A l'écouter, d'abord la politique économique choisie manque de clarté. La réforme des heures supplémentaires lui paraît marginale et il ne voit pas ce qui, dans les annonces du nouveau président de la République, peut susciter la confiance auprès des acteurs de l'économie. Il a pointé aussi, dans ce cadre privé, l'écart qui existerait, selon lui, entre une présence médiatique forte et un changement concret. "Regardez le déplacement en Corse, a-t-il notamment dit en montrant les journaux qui étaient devant lui. Il n'y a rien de nouveau dans les propos tenus, rien qui soit de nature à faire évoluer la situation.".
Dans la même veine, il s'et dit inquiet des conséquences que pourrait avoir l'irrespect de la promesse faite par le candidat Sarkozy sur la diminution du nombre de fonctionnaires. De l'engagement de supprimer un poste sur deux lors des départs en retraite, le nouveau pouvoir s'est finalement contenté de n'en supprimer qu'un sur trois. "En agissant ainsi, a dit Dominique de Villepin, on perd sur les deux tableaux. On mécontente les fonctionnaires et on déçoit les électeurs. Au bout du compte, c'st le désenchantement."
Dans ce contexte, a-t-il encore analysé, il faut craindre le phénomène de cour, l'incapacité où se retrouverait le pouvoir, faute d'opposition, faute aussi d'avoir mis en place des structures indépendantes à la tête de l'UMP, à percevoir la réalité d'une opinion publique, à en saisir suffisamment tôt les frustrations et les mécontentements, à s'enfermer ainsi dans une bulle artificielle de satisfaction et de déni de la réalité.

En tout cas, Dominique de Villepin paraît décidé à continuer à faire entendre sa voix dans le débat politique. "Accepteriez-vous de participer  un Grand Jury à l'automne?", lui ai-je demandé. Sa réponse a été claire: "Oui, avec plaisir."

Dernier point, sur Clearstream.
Dominique de Villepin assure avoir toujours agi dans ce dossier dans le cadre de ses fonctions ministérielles. Malgré tout, il accepte de répondre à la justice ordinaire et ne souhaite pas la réunion de la Cour de justice de la République pour instruire le dossier le concernant.
Cette position peut avoir le mérite apparent de la simplicité. Elle ne présente que l'inconvénient de ne pas respecter la Constitution qui attribue, dans son article 68-1, une compétence exclusive à la CJR pour établir la responsabilité des ministres.

Ne pas respecter la Constitution, ou plutôt ne pas en tenir compte quand on est un ancien premier ministre, n'est pas, tout simplement, une bonne démarche.

Source: RTL,
http://blogs.rtl.fr/aphatie/

Publié dans Dominique de Villepin

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V
J’ai trouvé cet entretien sur RTL absolument formidable… Les apparitions médiatiques de Dominique de Villepin m’avaient beaucoup manqué depuis trois mois, d’autant qu’il s’était fait très discret pendant la campagne présidentielle, et retrouver ainsi son brio, sa finesse d’analyse, est très satisfaisant. À titre personnel, cela me redonne de l’énergie et si porter le villepinisme était parfois difficile ces derniers mois, la situation actuelle me semble plus ouverte.<br /> En tout cas, j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt ses propos sur Napoléon, ainsi que ses réserves quant au pouvoir en place, ou tout du moins son exigence d’autre chose. <br /> <br /> Par ailleurs, je vis très mal ce triomphe médiatique permanent du sarkozysme… Je trouve insupportables ces Unes incessantes autour de sa personne, - l’Express de cette semaine se demande pour la millième fois : « Pourquoi il fascine »… - ces articles dithyrambiques qui n’en finissent pas (dans Le Point, le Figaro, partout…), ce tapage médiatique… <br /> Nicolas Sarkozy ne m’intéresse pas. Je l’ai toujours trouvé superficiel. Et voir combien les médias manquent d’objectivité à son sujet (combien d’analyses sérieuses des avantages et, surtout, des inconvénients du paquet fiscal par exemple, pour l’expression continuelle d’un ravissement médiatique – un éditorialiste du Figaro parlait de la « Joie » provoquée par la libération des infirmières bulgares, que nous devions au Président de la République…) a quelque chose de révoltant. <br /> <br /> Alors, dans ce ciel sombre, combien il est agréable de revoir surgir M. de Villepin ! Qui plus est, il paraît avoir mûri, s’être grandi de son expérience politique pour maintenant avoir une hauteur de vue nouvelle et une passion intacte… <br /> <br /> Son prestige et ses talents ne sont-ils pas éclatants, face au tandem exécutif actuel ? N’a-t-il pas une dimension toute autre ? J’espère que l’opinion le mesure bien…
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L
Il rayonne beaucoup plus depuis qu'il n'est plus aux affaires. Il se sent beaucoup plus libre... Il peut donner maintenant son avis sans risquer les pujillas (dsl pour ortho!!) qu'il a subit quand il a osé dire quelque chose qui ne plaisaient aux troupeaux de moutons...<br /> Chacun son tour...<br /> Quelques semaines après l'élection de Sarko, Filloon s'est acharné sur Villepin/Chrirac. Il a fait le paon.<br /> A nous maintenant de savourer le retour de baton...<br /> On dit bien que l'attente rend les choses bien plus savoureuses...
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L
j'aime beaucoup cette phrase:<br /> "Je m’étais intéressé dans les « Cent-Jours » à la métamorphose d’un homme qui a échoué et qui veut revenir. Et il veut revenir pour d’autres raisons parce qu’il aime son pays, parce qu’il a un message à délivrer et pendant le temps de son séjour à l’Ile D’Elbe il a profondément changé."<br /> <br /> Je ne garantie pas que les comparaisons soient fausses...
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L
Villepin a une très bonne tactique, très sage mais de très longue haleine.<br /> Il dit des promesses ont été faites, maintenant il faut les appliquer ET CONTINUER LES EFFORTS ENGAGES: DETTES, TAUX DE CHOMAGE,...<br /> En gros, il attends sarko au tournant et si ce dernier ne se montre pas à la hauteur de ses promesses, il ne contredira pas l'opposition, l'opinion publique et les médias qui suivront l'ambiance générale...<br /> Bref, PATIENCE...
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L
Il faut agir, se réunir, certes, mais surtout il faut être malicieux et stratégique dans notre façon d'agir. Inutile de s'acharner et de crier au meurtre même si certains propos et actes, nous dégoutent et nous répulsent au plus haut point. Il faut être constructif et agir de façon ciblée. Car dans le cas contraire, cela desservira Villepin, en le faisant passer, (ainsi que nous!) pour des frustrés excités et enragés qui ne souhaitent que se venger...
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