Retranscription d'une partie du passage de Dominique de Villepin dans Dimanche+

Publié le par L'équipe du Blog

LF : « Pourquoi ne pas assumer votre statut d’opposant au Président de la République ? Ce serait plus simple »

 
DDV : « Proposant c’est pas mal, proposant c’est bien.
 
LF : « Et opposant ?
 
DDV : "Opposant quand il le faut. Vous savez, je crois qu’il faut d’abord penser à la France (…) Il faut être critique quand les choses ne vont pas dans le bon sens, et il faut, au contraire, appuyer quand les choses vont dans le bon sens. Je crois que c’est d’abord d’esprit de responsabilité dont nous avons besoin.»
 
Sur l’UMP :
 
LF : « L’UMP a tenu ses journées parlementaires ce week-end à Strasbourg. Est-ce que vous pensez toujours qu’il n’y a plus d’UMP ? »
 
DDV : « Je pense que l’UMP, du fait que l’UMP n’a plus de chef puisque Nicolas Sarkozy a quitté la présidence de l’UMP, a perdu du rôle fondamental qu’il avait pu avoir durant les dernières années (…)
 
LF : Patrick Devedjian n’est pas à la hauteur ?
 
DDV : Il est secrétaire général ; ce n’est pas tout à fait la même chose ! Je regrette que l’UMP n’ait pas voulu se doter d’un président de façon à occuper toute la place qui doit être celle du parti majoritaire dans cette période.
 
LF : C’est-à-dire, une force de propositions?
 
DDV : Une force de proposition ; une force de critique ; une force de vigilance.Je crois qu’un parti majoritaire c’est tout à fait essentiel, et je regrette un tout petit effacement dans cette période.
 
LF : Pourquoi ne pas vous être présenté, tout simplement ?
 
DDV : La question ne s’est posée, Laurence Ferrari, puisqu’il a été décidé que le Président de la République venant d’être élu, il ne fallait pas le remplacer. D’ailleurs je note que ce n’est pas tout à fait le raisonnement qui avait prévalu dans les années qui précédaient (…) Je crois que si nous voulons occuper l’espace politique, si nous voulons que nos idées puissent être débattues et l’emporter, nous avons besoin de ce laboratoire qu’est l’UMP, et un grand parti majoritaire.
 
LF : rassurez-nous, vous avez toujours votre carte UMP, vous n’êtes pas au MODEM ?
 
DDV : Je n’ai jamais eu ma carte. La carte pour les anciens Premiers ministres est institutionnelle, donc je n’ai donc pas à la réclamer.
 
Sur la « politique de l’ouverture »
 
DDV : L’idée d’ouvrir est toujours une bonne idée. Il faut le faire en ne perdant pas le sel, c’est-à-dire les idées ; ce qui conduit à la bataille. Je crois qu’il faut privilégier, plutôt qu’un débauchage individuel, un apport d’idées, un apport de tempérament. Dans la mesure où ça peut  renouveler les idées, je crois que c’est une bonne chose.
 
LF : et les bonnes choses par exemple dans l’ouverture là au gouvernement ?
 
DDV : Je trouve que les ministres d’ouverture se font peu entendre et qu’une partie de leur différence s’est perdue en chemin. Je trouve cela dommage. Je crois que quand on demande à quelqu’un d’original sur la scène politique d’apporter et de donner de sa personne au gouvernement, eh bien il faut qu’il soit fidèle à ce qu’il est. La vérité c’est que vous auriez beaucoup de mal, dans un certain nombre de cas, à faire la différence entre les ministres dits d’ouverture et les autres. Je crois qu’il ne faut pas se renier quand on est dans un gouvernement. Donc pas de débauchage individuel; une stratégie collective ; des idées. Et je suis heureux de voir qu’avec les ajustements des dernières semaines, peu à peu, le Président de la République et le Premier ministre trouvent leur juste place. On a hésité pendant quelques semaines : on a bien vu qu’il y avait la volonté de l’un de jouer le rôle de l’autre et d’ailleurs, d’être interchangeables. Je crois qu’un Président et un Premier ministre ne sont pas interchangeables ; ils sont complémentaires et je crois que devant les difficultés chacun est entrain de trouver sa place (…)»
 
Sur la politique étrangère de la France :
 
DDV : Faut-il ou non une rupture en politique étrangère ? Moi je pense que non !
 
Sur François Fillon :
 
DDV : « Un Premier ministre faible, c’est certainement pas ce qu’il faut à un Président de la République et c’est dangereux pour le Premier ministre lui-même qui doit rendre des comptes beaucoup plus rapidement. Un Premier ministre c’est quoi ? C’est deux ans ! Au bout de 2 ans vous avez besoin d’un bilan (…) 
 
Sur le cumul des mandats ou de fonctions :
 
LF : Qu’est-ce que vous pensez de la candidature de David Martinon futur maire de Neuilly, éventuellement ?
 
DDV : Est-ce que c’est compatible avec les fonctions de porte-parole ? L’avenir nous le dira
 
LF : ça l’est pour vous ou pas ?
 
DDV : Je crois que c’est difficile. Moi je fais partie de ceux qui pensent qu'on ne peut bien faire en politique que ce qu'on fait à temps complet.
 
Sur l’information que l’Elysée et Matignon doivent communiquer aux journalistes :
 
DDV : J’ai dirigé pendant un certain nombre d’années les services de presse et d’information aux Etats-Unis. Je crois qu’on est très très loin encore du compte de ce qu’il faudrait à une grande démocratie (…) Surtout on devrait faire des réponses au fond. Là on le voit, on est dans des réponses de forme. On essaie d’éviter les couacs ; de corriger le tir mais ce qui est important en matière journalistique c’est d’apporter des éléments de fond aux journalistes, et de ce point de vue, je crois qu’il y a encore du chemin à faire.
 
Sur Nicolas Sarkozy :
 
LF : Depuis 4 mois, est-ce que vous estimez que Nicolas Sarkozy est un bon Président ?
 
DDV : je crois qu’il se donne beaucoup de mal et un bon Président, ça se juge aux résultats. Je crois que les Français ont vu défiler beaucoup de Présidents, et ils ont appris qu’en politique seul le résultat compte !
 
Sur l’époque de Jacques Chirac :
 
LF : Dominique de Villepin, est-ce que c’était la belle époque, comme le disait Jean-François Probst ?
 
DDV : Je crois qu’il ne faut pas vivre dans la nostalgie et la France est belle ; c’est un beau pays et de ce fait nous devons défendre, pour nos enfants, l’idée que nous nous faisons de la France. Je crois que notre mission reste toujours entière!
 
Sur Clearstream
 
DDV : Je n’ai jamais participé, ni de près ni de loin, à aucune dénonciation calomnieuse. J’ai eu l’occasion de m’en expliquer. A chaque attaque, j’apporte les réponses qui montrent que ceci n’est pas fondé. Je sais qu’il y aura d’autres attaques. Je sais que ces attaques ne sont pas toutes de nature judiciaire mais elles utilisent le moyen judiciaire.
 
LF : Politiques ?
 
DDV : Oui !
 
(…)
 
DDV : Comme Président de la République il n’avait pas à s’exprimer sur ce sujet et certainement pas de la façon dont il l’a fait ! (référence au passage de Nicolas Sarkozy au 20h00 face à A. Chabot et PPDA) (…) Cette affaire n’est pas ce qu’il dit et ce que l’on dit ; c’est-à- dire une affaire politique.
 
(…)
 
DDV : Je sais que je serai à nouveau attaqué dans les prochaines semaines, dans les prochains mois. J’apporterai les réponses. Mais je vous dis, Laurence Ferrari, je n’ai aucune inquiétude sur l’issue judiciaire de cette affaire, qui n’en est pas une pour moi.
 
LF : D’accord ! Vous serez blanchi à l’issue de cette procédure ?
 
DDV : Je serai blanchi. Je serai blanchi. Je serai complètement blanchi à l’issue de cette procédure, pour une raison très simple : c’est que je n’ai rien fait. Alors on peut imaginer en France qu’il y ait des erreurs judiciaires ; c’est arrivé. Mais je n’ose pas imaginer que dans une affaire de ce type qui n’a vraiment rien à voir, à mon sens, avec une affaire politique, que la Justice puisse se tromper à ce point là !

Publié dans Dominique de Villepin

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L
A FH,<br /> <br /> Mille et une excuses mais nous n'avons pas réussi à replacer les commentaires dans l'ordre!
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F
Vous avez interchangé le commentaire 19 de villèle de ce fait ma réflexion n'a plus de sens.Ce commentaire 19 se trouvait auparavant avant le mien numéro 13.Bon ce n'est pas grave, c'est juste une remarque que je devais faire pour ne pas qu'on croit que je délire toute seule...rires...<br /> Amicalement votre FH.
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V
Chère Samira,<br /> <br /> Merci pour votre réflexion, qui touche de façon tout à fait étonnante au cœur de mes pensées politiques du moment. <br /> <br /> Avant d’évoquer le principal objet de celles-ci, je tiens à dire que je suis d’accord sur l’idée du travail en équipe. Ce qui est, comme vous le relevez fort justement, valable pour Jean-François Copé vaut aussi bien pour Dominique de Villepin : son bilan à Matignon, sur deux ans, n’est pas celui d’un homme, mais d’un chef de gouvernement qui a su mobilier les énergies autour de lui au service de la France. L’action de chaque ministre a donc compté, et avec chacun d’entre eux, les équipes qui ont planifié ou mis en musique la politique suivie. Il s’est donc agi d’un travail collectif, ce que l’on a parfois tendance à omettre. <br /> <br /> Maintenant, au sujet de l’exercice du pouvoir et de la question des différents régimes, vous soulevez des points passionnants. D’abord, j’avoue m’interroger sur les positions récentes de Dominique de Villepin quant à la méthode de gouvernement. En effet, je ressens comme une sorte de paradoxe, que je ne demande d'ailleurs qu’à éclairer, entre son engagement de « gaulliste ascendant Bonaparte », comme il l’a rappelé à l’émission Ripostes, et sa défense récente des libertés et du débat. <br /> Comme lui, je suis très enclin à souhaiter qu’une forme d’opposition, capable de formuler des propositions, puisse émerger jusqu’au sein même de la majorité. Pourquoi ? Parce que je ne considère pas le pouvoir en place, et Nicolas Sarkozy particulièrement, comme ayant les qualités de hauteur de vue, de vision, d’intelligence (au sens large) nécessaires pour conduire la France de façon satisfaisante sans conseils éclairés. L’énergie, la volonté, c’est une chose ; avoir un grand dessein pour la France (comme l’exigeait Jacques Chaban-Delmas, avec son projet de Nouvelle Société), agir sur le long terme, obtenir des résultats, c’en est une autre.<br /> <br /> Pourtant, et cela n’engage bien sûr que moi, ma réflexion à ce sujet étant loin d’être achevée, je suis plutôt partisan d’un pouvoir fort. Simplement, il faut que les hommes qui l’incarnent puissent correspondre à l’idée que je me fais de la Politique. Je ne pense pas que la France puisse trouver avec le parlementarisme un régime à sa mesure : c’est, il me semble, une nation trop querelleuse pour cela. La culture de l’accord, de l’écoute entre les différents acteurs de la vie de la Cité, n’y prévalent pas, et on ne change pas une société par décret. De surcroît, Dominique de Villepin n’est pas, pour moi, un homme de parlement ! Que celui-ci ait un rôle à jouer dans notre démocratie, c’est évident, mais l’exécutif doit primer. C’est le sens de la Ve République, et c’est pourquoi j’adhère avec enthousiasme à ce régime. <br /> Aussi, j’apprécie le fait que M. de Villepin ait, comme le relevait Géraldine Muhlmann, utilisé les instruments forts de l’exécutif, tels le 49-3 ou les ordonnances. Et je regrette que le CPE ne soit pas passé, parce que sans crise il aurait eu la latitude pour aller encore plus loin, en prenant les décisions sans trop s’éterniser, pardonnez-moi l’expression, dans des négociations interminables. Je pense que la France a besoin d’être conduite avec une certaine fermeté, afin de briser les divisions et d'impulser un mouvement d’ampleur. Ce fut Napoléon (dans le cadre d’une expérience reposant sur des bases fragiles, il est vrai, avec cette fuite en avant), ce fut Napoléon III (dont le bilan est, comme toujours, contrasté, mais voir l’ouvrage de Philippe Séguin à son sujet), ce fut de Gaulle (de façon plus heureuse). <br /> Quant à la cohabitation des Français entre eux, d’une part, et la légitimité du pouvoir, d’autre part, elles ont toujours posé problème, quels que soient les régimes. C’est la Fronde, en 1648-1652, ce sont les mille oppositions auxquels le pouvoir royal a dû faire face après la phase autoritaire de l’absolutisme louis-quatorzien, c’est ce vent de contestation qui menace toujours de souffler à nouveau. Pour unir les Français au service d’une idée qui les dépasse, la France, je suis d’avis qu’il faille suivre l’intuition, nourrie par l’expérience, du général de Gaulle : « notre pays tel qu'il est, parmi les autres, tels qu'ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur. » Et assurer celle-ci implique, il me semble, un pouvoir fort, qui puisse parler en son nom avec éclat.
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V
Un vent nouveau souffle . De plus en plus de personnes rejoignent Dominique de Villepin . D'ailleurs la chute précoce de Nicolas Sarkozy dans les sondages n'y est pas étrangère .
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V
Je savais que Nicolas Sarkozy exploserait en Plein vol mais si tôt et si rapidement c'est une réél surprise . Cela est mauvais pour la France . J'espére qu'il attendra deux ans avant d'exploser complétement . Le choc de confiance Nicolas Sarkozy fait Pschittttttttt.
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