Suite et fin de la retranscription du passage de Dominique de Villepin sur Radio J

Publié le par L'équipe du Blog

Suite et fin de l’entretien de Dominique de Villepin à Forum de Radio J. Ce ne sont que des extraits que nous vous proposons car cet entretien a été extrêmement dense. Nous vous engageons à les lire, et à ceux qui le peuvent, d’écouter l’intégralité de cet entretien qui sera vraisemblablement accessible sur le site de Radio J prochainement; nous vous en informerons.
 
Sur l’Europe et la relation France/Allemagne :
 
DDV : « ce qui m’intéresse c’est que la France et l’Allemagne retrouvent la force et la vitalité de leur relation qui est indispensable à l’avancée de l’Europe. L’Europe, s’est, passez-moi l’expression, ramollit dans son ambition, ramollit dans sa capacité à faire face aux défis et elle a perdu de son identité propre au fil des années et c’est là où elle doit retrouver une fierté d’Européens, un devoir d’Européens aussi ! »
 
DDV : « Je crois L’Europe des projets que nous avons voulu défendre est très importante parce qu’elle permet dans la conscience de chacun des citoyens Européens de montrer que cette Europe est essentielle donc je croise qu’il faut se battre sur le terrain concret ; éviter la politique politicienne à l’échelle de l’Europe elle ne sert à rien. »
 
Sur la critique systématique de la politique de la BCE par Nicolas Sarkozy :
 
DDV : "Il ne faut pas se tromper de cible. La cible, ce sont les Etats. Il faut qu'ils s'entendent sur la définition d'une stratégie économique et financière. S’ils s’entendent et s’ils ont des intérêts communs, eh bien ils arriveront à faire bouger les choses et les messages que nous pourrons porter à la BCE, qui applique le Traité, seront d’autant plus efficaces. » 
 
DDV : «  Trop souvent, l'Europe a été le bouc émissaire de nos plaintes et de nos critiques".
 
Politique intérieure : sur les choix économiques déjà effectués:
 
DDV : « C’est vrai que cette politique de désendettement nous est apparue, dans les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy, au second plan. 15 milliards d’Euros pour un paquet fiscal qui ne contribue pas de façon évidente à relancer la machine, eh bien on peut s’interroger. »
 
DDV : « Oui, je ne cesse de le réclamer (un changement de stratégie économique et financière). »
 
DDV : « Les premières mesures tablaient sur une croissance très forte. Je ne suis pas sûr que nous soyons partis du bon pied. Il faut maintenant partir avec une analyse sérieuse de la situation et des réformes de structures qui permettent de réajuster les fondamentaux de la France. »
 
DDV : « Quand on regarde le discours de politique sociale de Nicolas Sarkozy, c’est très intéressant de faire cette analyse, il y a des domaines très importants qui n’ont pas été encore évoqués. Je ne crois pas que l’on puisse faire ce reproche au Président d’être hyper présent, il y a des tas de domaines où le gouvernement doit davantage être présent. »   DDV cite ici comme exemples où le gouvernement doit être davantage présent: la politique de lutte contre la pauvreté, la politique d’hébergement d’urgence, la politique familiale, les familles, la politique du handicap, la politique de santé publique, la politique hospitalière.
 
DDV : « Deux domaines qui sont pour moi essentiels si on veut relancer les choses dans notre pays : les jeunes et les femmes. »
 
DDV : « La promotion de l’égalité des chances, j’en avais fait un grand enjeu pour mon gouvernement, moi je souhaite que souhaite que le gouvernement puisse relancer les choses dans ce domaine et préciser ses objectifs. »
 
DDV : « Une fois de plus que ce n’est pas parce que la forme donne le sentiment d’une hyper présence que l’ensemble des problèmes est traité. Je crois que c’est rendre service au gouvernement de dire « attention nous avons des comptes à rendre aux Français, nous avons pris des engagements ; nous devons être au rendez-vous ».Je veux sortir de cette situation où, chaque fois que dans notre pays, on émet une critique, on donne le sentiment que l’on veut s’attaquer à tel ou tel ; nous avons besoin de réfléchir. Nous avons besoin de débat. Or, c’est vrai que dans la situation postélectorale on a eu le sentiment d’une sorte stérilisation de l’esprit critique  et une stérilisation du débat»
 
Au sujet des propos, aussitôt regrettés par Bernard Kouchner, sur la guerre, puis de ceux de François Fillon qui déclarait que notre pays était en faillite pour ensuite tenter d’atténuer l’effet de ses paroles qui peuvent, gardons le à l’esprit, avoir des effets désastreux sur les décisions des investisseurs :
 
DDV : « Il faut éviter l’excès d’images et l’excès de paroles et il faut travailler chaque fois davantage. Je suis, en politique, convaincu que l’essentiel n’est pas forcément ce qui se voit (…). Ce n’est pas parce qu’on va à la télévision et qu’on fait un discours que les choses bougent ! »
 
Question d’Eric Mandonnet : « Nicolas Sarkozy a affirmé, jeudi soir à la télévision, à propos de sa politique que jamais de tels changements ont été entrepris depuis la Libération. Vous confirmez qu’il n’y a eu rien, ni personne entre De Gaulle et Sarkozy ? »
 
DDV : Il faudrait poser la question à Valéry Giscard d’Estaing, Georges Pompidou et beaucoup d’autres. Je crois que c’est une formule. Que l’ambition de Nicolas Sarkozy veuille égaler celle du Général De Gaulle, je le comprends fort bien mais nous n’en sommes pas là !
Nous n’en sommes pas là et je crois que ça demande beaucoup de réflexion, encore beaucoup de débats et encore beaucoup de travail pour être sûrs que les lignes, dans notre pays, vont bouger et bouger dans le bons sens. »
 
Sur la Fonction publique :
 
DDV : « Nous avons une très bonne Fonction publique et la qualité de nos services publics en France, est un des grands atouts pour accueillir les investissements étrangers, et pour permettre à notre pays, justement, de porter son ambition. Nous devons trouver un bon équilibre, le meilleur équilibre possible entre les fonctions d’un Etat moderne et en même temps la réponse aux attentes de nos compatriotes. Nous avons des transports publics de très grande qualité, une santé publique de très grande qualité : comment faire en sorte de préserver tout cela tout en ayant, évidemment, un coût qui puisse être réduit ?»
 
DDV : « On peut effectivement sans doute réduire le nombre de fonctionnaires. Mais une fois de plus, je l’avais dit, on ne peut pas le faire avec un rabot donc il faut documenter ce travail. Là où on en a besoin mettre les fonctionnaires qui sont nécessaires. Là où on en a moins besoin, eh bien les supprimer. »
 
Sur les réformes et le contrôle des résultats :
 
DDV : Il faut le faire avec une hiérarchie, avec des priorités et avec un calendrier. Je pense qu’il faudra, dans les prochaines semaines mettre un peu d’ordre dans ce qui a été lancé ; vérifier que tout ça avance vraiment et que ce n’est pas seulement un effet d’affichage et puis, une fois de plus, il faudra vérifier ; mois après mois, les résultats de ce qui est. »
 
Sur la réflexion autour de la réforme de nos institutions :
 
DDV : « Il faudra se doter des instruments qui permettent de mieux contrôler l’action gouvernementale (…) Le Parlement doit avoir le moyen de contrôler l’ensemble de ces réformes, faire en sorte qu’effectivement elles donnent des bons résultats et vont dans le bon sens. »
 
Sur Nicolas Sarkozy :
 
Question d’Eric Mandonnet : « Est-ce que vous diriez concernant Nicolas Sarkozy, que la mue s’est faite entre l’homme politique et l’homme d’Etat, entre le candidat et le Président ou que ce travail là est loin d’être achevé? »
 
DDV : « (…) Nicolas Sarkozy a une ambition. Je crois qu’il faut peu à peu qu’il apprivoise cette ambition et qu’il s’apprivoise lui-même pour atteindre la sérénité qui permet d’être dans un rapport à la Nation, qui rassemble, qui évite les divisions et qui sérénise en quelque sorte les choses (…) On a un sentiment, aujourd’hui d’hypertrophie de l’émotion, de l’image, du spectacle. Il faut, peu à peu, que les choses se temporisent. D’aucuns étaient des adeptes de la politique de rareté en communication, Nicolas Sarkozy a pris le contrepied de cette politique ; je crois qu’il faut trouver le juste milieu. Les Français ne peuvent pas vivre dans un tourbillon permanent sauf à avoir des résultats extrêmement très rapides. Nicolas Sarkozy dit 2007 c’est pas moi, 2008 c’est un peu moi, et 2009 ce sera moi ; vous savez, c’est très long pour le calendrier démocratique. Où sera t-on en 2009, où sera le monde et où seront nos voisins ? »
 
DDV : « Je crois qu’il faut que l’on sorte un peu de la frénésie actuelle, ce qui ne veut pas dire qu’on ne travaille pas davantage. »
 
Sur l’UMP
 
DDV : « Regardez la situation de L’UMP. L’UMP avait un Président fort actif, qui est devenu Président de la République. Tout à coup, on a une direction collégiale, un secrétaire général. Est-ce que l’UMP occupe aujourd’hui toute sa place pour animer le débat gouvernemental? Je le pense insuffisamment (…) et c’est là que je pense que le jeu démocratique ce n’est pas un Président de la République et puis rien d’autre !»
 
 
A nouveau sur la réforme des institutions :
 
DDV : « Sur le plan institutionnel il faut d’abord mesurer l’acquis. L’acquis c’est quoi ? Ce sont des Institutions qui, depuis, 58 ont bien fonctionné (…) D’abord vérifions que cet acquis nous ne le perdons pas (…) Nous avons besoin de jeu d’équilibre sur le plan institutionnel, et donc la relation entre le Président et le Premier ministre me parait très importante (…) Cette chaine de commandement est complexe, fragile mais elle est essentielle et vitale pour l’équilibre du pays (…) Je crois, personnellement, que le cadre offert par la Constitution de 58 permet au Premier ministre et au Président de trouver chacun leurs marques en fonction de la personnalité du Président de la République et du Premier ministre. Faut-il changer la Constitution parce qu’aujourd’hui il y a Nicolas Sarkozy et qu’hier il y avait le Général De Gaulle ? Je ne le crois pas. »
 
 
Sur Clearstream :
 
DDV : « Je constate que j’ai été montré du doigt, à tout le moins, depuis un certain nombre d’années. Je ne me suis pas défendu quand j’étais Premier ministre, parce que je considérais, que dans les fonctions qui étaient les miennes, je n’avais pas à accorder de tempa à cela. Aujourd’hui j’estime que cette injustice doit prendre fin. Aujourd’hui j’estime qu’il y maldonne quand on veut faire d’une affaire internationale et industrielle une affaire politique et j’entends le démontrer (…) Je pense que ce dossier a été impressionné dès le départ, puisque d’une affaire industrielle et internationale, tout à coup, par quelques articles de presse, elle bifurque, elle sort de son chemin initial pour devenir une affaire politique. A mon sens, rien ne justifie cela. »
 
DDV : « Je pense que Nicolas Sarkozy a déformé ou mal-apprécié les choses sur ce dossier (…) Le général Rondot ne faisait que répéter ce qu’on lui a dit (…) Quand on croit qu’on a un dossier politique, eh bien forcément, à coup de violations du secret de l’instruction, on essaie de défendre cette thèse. Je pense que cette thèse est erronée. »
 
DDV : « Quand vous êtes innocent, ce n’est pas parce qu’on réduit sensiblement votre caution que vous êtes satisfait donc j’ai décidé de faire appel de cette décision (…) Je n’ai en aucune façon participé à une dénonciation calomnieuse ; c’est pour ça que j’ai décidé de me battre dans ce dossier. »
 
DDV : « j’apporterai à la veille du 11 octobre, date de ma nouvelle audition de (ou 2 ?) nouveaux éléments. »
 
Sur les tests ADN :
 
Question d’Eric Mandonnet : « est-ce que cela vous choque d’un point de vue éthique ? »
 
DDV : Oui, cela me blesse, Monsieur Mandonnet, cela me blesse parce que je crois que l’entorse, une entorse à un principe même sur un mode facultatif et même sur un mode expérimental, eh bien  ce n’est pas acceptable. Moi je suis très attaché à la République française, très attaché à ses valeurs et tout à fait convaincu que le modèle qui est le nôtre humaniste et universaliste, qui défend l’homme dans sa nudité, tel quel, avec chacun les mêmes droits, eh bien c’est un acquis que nous devons les uns et les autres défendre, et il ne faut pas détricoter ce modèle républicain au gré des besoins. Alors j’entends bien la nécessité de mener une politique d’immigration efficace et je suis à 100 fois, 100 fois d’accord avec Brice Hortefeux quand il s’emploie à essayer améliorer cette politique d’immigration. Mais je ne vois pas en quoi cette mesure peut avoir une réelle efficacité. »
 
DDV : « Je pense que ce n’est pas constitutionnel mais je pense surtout que cela ne correspond pas à l’Histoire et à l’esprit de notre pays. Vous savez, l’argument qu’on utilise beaucoup, qui a été utilisé, que j’ai entendu, pour défendre cet amendement c’est de dire que d’autres pays le feraient. Justement regardons les autres pays qui le font ; ils n’ont pas la même histoire que nous. La Grande Bretagne ; elle n’a pas du tout la même histoire que nous ; elle n’a pas connu les Raffles. Moi je suis désolé, j’estime qu’un pays doit vivre avec sa mémoire et doit vivre avec son Histoire. Nous avons une mémoire de la colonisation. Nous avons une mémoire du totalitarisme. Nous avons une mémoire qui nous a marqué au fer rouge, eh bien nous sommes comptables de cette Histoire ; nous ne devons pas l’oublier ; ça crée pour nous des devoirs. »
 
Question de Frédéric Haziza : Que conseillez-vous à Nicolas Sarkozy ?
 
DDV : « D’être soucieux de cette Histoire parce que le Danemark, la Suède, l’Angleterre n’ont pas la même histoire que nous! Nous avons une histoire particulière. Nous devons donc regarder ce que nous faisons avec vigilance, avec doigté, avec sensibilité si nous voulons maintenir l’influence qui est la nôtre et maintenir l’identité qui est la nôtre. » 

Source: L'équipe du blog "Halte au complot"
 

Publié dans Dominique de Villepin

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V
Pour nous Eric P est une grande satisfaction . Sarkozyste il vient nous dire que Sarkozy s'est fait applaudir à l'ONU . Personne ne le sait mais à part cela il a dû faire un énorme discours . De plus pour que les sarkozystes viennent nous rencontrer c'est que Dominique de Villepin existe plus que jamais et constitue une réelle menace à écraser de toute urgence . Dans quel état peuvent ils être ? Ils essaient de l'écraser mais il renaît toujours de ses cendres comme le Phénix . C'est pas faute d'avoir essayé avec Clarstream ou d' essayé avec le CPE . L'aiguillon est entraint de se transformer pour pour eux en une véritable guêpe .
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Y
Je souhaite soutenir Dominique de Villepin et lui dire qu'il dit tout haut ce qu'un grand nombre de personnes pensent tout bas! Bon courage à lui...
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S
A l'émissaire de Tsarkozy sur ce blog: tout d'abord nous avons constaté, sur la toile, le retour en force des "envoyés spéciaux" de l'UMP Sarkozyste et cet élément, voyez-vous, nous indique clairement que nous, les Villepinistes, représentons pour vous un élément sérieux de perturbation. Vous imaginez sans peine que loin de décourager les villepinistes, cela les conforte dans leur conviction d'être du bon côté, c'est-à-dire celui que décrit Ophélie, à savoir celui de la France éternelle. Conseil d'amie: vous devriez prendre, dans l'UMP sarkozyste, quelques cours de stratégie, cela ne vous ferait point de mal.<br /> <br /> Si j'évoque l'UMP sarkozyste, c'est que nous savons, par la présence de certains d'entre nous à l'UMP, qu'il existe également une UMP non sarkozyste et que cette dernière est en pleine croissance. On pourrait même dire que c'est une jolie plante qui est régulièrement bien entretenue. Savez-vous par qui? Voyons réfléchissez un peu; vous finirez bien par trouver. Bon, je vais être sympa, je vais vous donner la réponse: par Tsarkozy lui-même. Qu'il continue donc sur sa lancée et c'est la France entière qui lui tombera dessus. Il n'aime pas l'Histoire? Eh bien, je ne saurais que trop lui conseiller d'aller vite en lire un peu et pas seulement les discours de Gaino, car c'est largement insuffisant!<br /> <br /> Au fait l'ONU a vraiment applaudit? Quoi au juste? Le fait que Tsarkozy allait aider tous ceux qui le veulent à se doter de la technologie du nucléaire? Pour moins que çà on interne des gens pour mise en danger d'autrui au motif de perte d'esprit de responsabilité. Qu'il la donne cette technologie à certains pays qui sont en passe de tomber entre les mains de terroristes potentiels, et on verra cher Monsieur Eric P, si vous viendrez encore verser votre haine sur ceux qui défendent la France!
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E
Sarkozy applaudi à l'ONU !<br /> <br /> Que restera-t-il de Villepin, si ce n'est Clearstream et son aigreur de prince noir déchu.
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G
Oui Ophélie vous avez raison, mais je vais aller encore plus loin les médias participe à la destruction de l'histoire française en raison de l'autocensure ou de la censure. Je me pose des questions!!! La démocratie est en danger, et personne ne réagit. Il faut se reveiller.
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